Commentaire de l’invité de la NZZ : En fait, il n’y a pas de solution
Le conflit entre Israël et les Palestiniens est systémique, et c’est là que réside le problème fondamental. Commentaire invité de Hussein Aboubakr Mansour.
(version courte) Parler d' »Israéliens et de Palestiniens » dans la guerre pour Gaza « n’est pas une simple simplification, cela fait partie d’une fiction globale », écrit Hussein Aboubakr Mansour, chercheur à l’Institute for the Study of Global Antisemitism and Policy à New York. La formule répandue de « deux peuples ayant deux revendications sur la même terre » est devenue le « mythe de base du discours international » – moralement maniable, intellectuellement productif et politiquement utile.
Le conflit n’est cependant plus depuis longtemps un différend bilatéral qui peut être résolu par des « négociations, des pressions internationales ou des compétences diplomatiques ». Il s’agit plutôt d’une « caractéristique structurelle des systèmes régionaux et mondiaux » qui persiste parce qu’elle reflète les rapports de force et les intérêts existants. « Le conflit continue de couver parce qu’il remplit des fonctions », a déclaré Mansour.
Les États-Unis : miroir des luttes politiques internes
L’Iran, par exemple, instrumentalise la Palestine pour affaiblir Israël et pousser les États-Unis hors de la région ; le Qatar utilise le conflit pour se profiler au niveau mondial par le biais du pouvoir médiatique et du soft power ; l’Égypte gère Gaza comme une « soupape de pression » qui est « régulée, monétisée et instrumentalisée » en fonction de la situation politique. Les institutions et les ONG occidentales font également partie du système : elles ne visent pas à trouver une solution, mais à « gérer » – non pas par mauvaise intention, mais parce que la crise garantit leurs « budgets, leur confiance en soi et leur raison d’être ».
Aux États-Unis, le conflit sert désormais de miroir aux luttes politiques internes : les démocrates sont divisés entre le leadership centriste et la « gauche activiste », qui utilise la Palestine comme un théâtre symbolique pour critiquer la domination américaine, le racisme et le capitalisme. Les républicains ont fait du soutien à Israël le symbole d’un « récit civilisationnel » de l’identité occidentale et de l’idéologie anti-Woke. « Il ne s’agit plus du Moyen-Orient, mais de plus en plus de l’Amérique elle-même ».
Confondre la scène et la pièce
Mansour écrit : « Qualifier le conflit de dispute bilatérale, c’est confondre la scène avec la pièce ». La question cruciale n’est pas de savoir pourquoi il reste non résolu, « mais pourquoi nous continuons à faire comme si une solution était en vue – alors que c’est précisément l’absence de solution qui constitue sa fonction déterminante ». Le conflit « n’est pas maintenu par hasard », mais sert de terrain stratégique et symbolique aux différents acteurs – puissances régionales, institutions, idéologues et bureaucraties.
Pendant une courte période, l’administration Trump a tenté de briser cette logique avec les accords d’Abraham, en dissociant le conflit de la politique régionale et en promouvant la normalisation arabe avec Israël. « L’approche était courageuse et cohérente », écrit Mansour. Mais l’élan a été perdu – les contraintes structurelles se sont à nouveau imposées.
Source : NZZ du 25 octobre 2025 (barrière payante)
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