Propagande du Hamas sur les réseaux de Swisscom et Sunrise : Swisscom et Fedpol réagissent

Par Sacha Wigdorovits

Sur les réseaux câblés de Swisscom et Sunrise, l’organisation terroriste Hamas peut diffuser librement sa propagande. Cela se fait par le biais du canal en langue arabe de la chaîne de télévision Al Jazeera. Suite à une remarque de FokusIsrael.ch, Swisscom contrôle maintenant la chaîne et la police fédérale Fedpol l’examine également à la loupe. Sunrise ne voit pas la nécessité d’agir.

Al Jazeera appartient à l’État du Qatar, qui est l’un des principaux soutiens du Hamas. La chaîne exploite un canal en anglais et un canal en arabe.

La chaîne anglophone s’efforce de donner aux téléspectateurs occidentaux une image de modération et d’impartialité. En revanche, Al Jazeera Arabic, la principale chaîne de télévision dans le monde arabe, ne cache pas dans ses émissions son attitude fondamentaliste et sa proximité avec les Frères musulmans.

Et : il est le principal média de propagande de l’organisation terroriste palestinienne Hamas. C’est ce que démontre un rapport qui vient d’être publié par le Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center ITIC. Celui-ci s’occupe depuis 25 ans de la recherche et de l’analyse dans le domaine du terrorisme et des activités de renseignement.

Dans l’ensemble, l’analyse des émissions par l’ITIC a révélé qu’Al Jazeera a régulièrement offert et continue d’offrir au Hamas une plateforme pour sa propagande tout au long de la guerre de Gaza, notamment en diffusant des déclarations de membres haut placés de la direction du Hamas sans les commenter et souvent en temps réel.Le rapport démontre notamment que

• Plusieurs journalistes et présentateurs de premier plan d’Al Jazeera Arabic sont/étaient membres du Hamas, parfois même en tant que tireurs d’élite ;
• Le Hamas exerce une influence directe sur la couverture médiatique d’Al Jazeera Arabic et visionne certaines émissions d’Al Jazeera Arabic avant leur diffusion. Pour ce faire, les dirigeants du Hamas à Gaza ont mis en place une ligne téléphonique directe et sécurisée avec le centre de diffusion d’Al Jazeera Arabic à Doha (Qatar) ;
• Al Jazeera Arabic adopte souvent la langue – et les emblèmes – du Hamas dans ses émissions ;
• Les interviews d’interlocuteurs palestiniens par les journalistes d’Al Jazeera sont immédiatement interrompues si les interlocuteurs critiquent le Hamas ;

« Depuis des années, Al Jazeera, avec sa grande audience, est une plate-forme médiatique centrale pour le Hamas afin de faire passer ses messages, de mobiliser l’opinion publique et d’accroître sa propre crédibilité dans les médias régionaux et internationaux », résume l’ITIC dans son étude.

Les premiers résultats d’une recherche commandée par FokusIsrael.ch à un analyste politique arabe confirment l’évaluation selon laquelle Al Jazeera fait systématiquement de la propagande pour le Hamas et « glorifie » l’organisation terroriste dans ses reportages.

Selon cette analyse, le fait que le programme en langue arabe d’Al Jazeera renvoie souvent à son propre site web est également problématique. Celui-ci sert de plateforme à une incitation antisémite non dissimulée. Il suffit parfois de jeter un coup d’œil aux gros titres pour se rendre compte de la haine des juifs – comme dans l’article « Comment les juifs ont manipulé les religions et les idées pour servir leurs intérêts« .

Un autre exemple grave est fourni par le texte « Les Juifs, c’est leur habitude » du correspondant d’Al-Jazeera Mohammed Abdullah. Il y diffame les juifs en bloc en les qualifiant de « traîtres à Dieu », les accuse de corrompre les valeurs morales par la « pornographie » et affirme qu’ils n’ont fait que tromper le monde avec l’Holocauste pour faire valoir leurs intérêts politiques.

Ce négationnisme est systématique sur la chaîne : Al Jazeera Arabic cherche inlassablement à semer le doute sur le génocide nazi en l’appelant, comme dans ce reportage, « le prétendu holocauste ». L’orientation antisémite est une tradition chez Al Jazeera : en 2000 déjà, Ahmed Mansour, figure de proue d’Al Jazeera, avait offert une tribune au célèbre négationniste David Irving. Au cours de l’entretien, Mansour a présenté Irving de manière sympathique comme une victime.

Ce qui est particulièrement révélateur de l’état d’esprit de la chaîne, c’est que Mansour a ostensiblement téléchargé à nouveau cette interview sur sa chaîne YouTube en 2024, en pleine guerre de Gaza. La colonne de commentaires sous la vidéo, qui regorge du pire antisémitisme avec des déclarations telles que : « La campagne ‘globale’ contre cet historien courageux prouve publiquement l’étendue du contrôle juif sur le ‘monde' » ou « Le plus grand mensonge dans l’histoire de l’humanité est le mensonge des chambres à gaz », montre bien quel public est visé.

Malgré son orientation antisémite évidente et la diffusion de la propagande du Hamas, la chaîne en langue arabe d’Al Jazeera fait partie intégrante des principaux bouquets de télévision en Suisse. Les deux plus grandes entreprises de télécommunications suisses, Swisscom et Sunrise, proposent la chaîne en langue arabe sur leurs réseaux câblés. Certains petits opérateurs font de même dans la région de Genève.

Interrogé sur le lien problématique entre Al Jazeera et l’organisation terroriste Hamas, interdite en Suisse, André Krause, CEO de Sunrise, répond : « Sunrise fournit son offre TV de manière politiquement neutre et sans juger des éventuels contenus politiques d’une chaîne TV. Nous diffusons en principe les chaînes gratuites en Suisse (…) dans l’intérêt d’une large diversité de l’offre ».

L’Office fédéral de la communication (OFCOM) mise lui aussi sur la passivité. « L’OFCOM ne peut interdire la diffusion d’un programme qu’en cas de violation grave et permanente des dispositions du droit international public qui lient la Suisse. Nous n’avons pas connaissance que ces conditions soient remplies dans le cas présent », a déclaré l’Office fédéral en réponse à une question.

Et d’ajouter : « Nous partons du principe que d’éventuelles violations du droit international public seraient également un sujet de préoccupation et seraient poursuivies au niveau international. Dans un premier temps, nous échangerions avec les éventuels offices fédéraux concernés ainsi qu’avec d’autres autorités de régulation sur le contenu des envois et les procédures possibles ».

Les responsables de l’OFCOM n’ont manifestement pas envie de prendre eux-mêmes l’initiative d’étudier le rapport de l’ITIC qu’ils ont sous les yeux afin de déterminer une éventuelle violation du droit international par Al Jazeera Arabic.

La réaction de Swisscom est très différente de celle de Sunrise et de l’OFCOM. La plus grande entreprise de télécommunications de Suisse prend au sérieux la remarque de FokusIsrael.ch concernant le programme antisémite d’Al Jazeera Arabic, proche du Hamas. En principe, les chaînes de la plate-forme blue TV ne sont pas sélectionnées selon des critères politiques, explique une porte-parole de Swisscom. « Mais nous allons maintenant examiner l’offre ».

L’Office fédéral de la police, Fedpol, contrairement à Sunrise et à l’OFCOM, ne veut pas non plus rester passif. Selon la loi fédérale sur le maintien de la sécurité intérieure, la police fédérale est responsable de la saisie du matériel « pouvant servir à des fins de propagande et dont le contenu incite concrètement et sérieusement à la violence contre des personnes ou des biens ».

Alertée de la diffusion de la propagande du Hamas sur les réseaux câblés de Swisscom et Sunrise, la police fédérale suisse a donc immédiatement répondu : « Votre demande est en cours de traitement et vous aurez de nos nouvelles en temps voulu ».

Pour les patrons de Swisscom et de Sunrise, Christoph Aeschlimann et André Krause, les articles 260ter (organisations criminelles et terroristes) et 261bis (discrimination et incitation à la haine) du Code pénal suisse pourraient également poser problème.

En effet, l’article 260ter stipule, à propos des organisations qui tentent d’imposer par des moyens criminels « un ordre politique, philosophique ou religieux » (ce que fait l’organisation terroriste Hamas) : « Quiconque soutient une telle organisation dans ses activités criminelles (…) sera puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire ».

Et l’article 261bis du Code pénal stipule, dans le contexte de l’incitation à la haine (telle qu’elle s’applique à Al Jazeera Arabic selon les présentes recherches) : « Celui qui aura propagé publiquement des idéologies visant à rabaisser ou à dénigrer systématiquement ces personnes ou groupes de personnes, celui qui aura encouragé des actions de propagande (…) dans le même but (…) sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire ».

La question se pose donc de savoir si Aeschlimann et Krause sont également coupables au sens du droit pénal, car ils autorisent la diffusion d’Al Jazeera Arabic ou de la propagande du Hamas sur leurs réseaux câblés.

Ces deux infractions sont des délits poursuivis d’office. Cela signifie que les autorités d’enquête doivent agir de leur propre initiative si elles sont informées.

Sacha Wigdorovits est président de l’association Fokus Israel und Nahost, qui gère le site web fokusisrael.ch. Il a étudié l’histoire, la germanistique et la psychologie sociale à l’université de Zurich et a travaillé, entre autres, comme correspondant aux États-Unis pour la SonntagsZeitung, a été rédacteur en chef du BLICK et cofondateur du journal pour pendulaires 20minuten.